Exposition sur La Grande Guerre : « LA VIE A TOUT PRIX »
A la lecture de carnets, souvenirs, journaux quotidiens, nous sommes arrivés à l'évidence du titre.
En effet, pour le soldat - jeune qui plus est - projeté dans cette folie meurtrière et malgré la présence permanente de la mort et de la douleur, reste l'idée de continuer à vivre ; vivre pour la vie, vivre pour soi, pour son compagnon de tranchée, sa famille, sa patrie.
Intuition et parti pris d'universalisme nous guident.
La mise en œuvre de l'exposition répond à cette dernière valeur.
L'or au centre du panneau, en rentrant à droite.
L'affiche montre un coq, hargneux, prêt à attaquer un soldat à terre : «donnez votre or !» pour l'effort de guerre ; dessous, dans la vitrine, des armes.
A gauche de l'affiche sur l'or, deux photos : celle de Jean Jaurès et celle du Maréchal Lyautey.
Le premier a exhorté à la paix : «le plus grand de tous les combats est le combat pour la paix».
Le second malgré sa position n'a pu rien faire pour éviter «...une guerre entre européens, c'est une guerre civile, la plus monumentale ânerie que le monde ait jamais faite.»
Les futurs belligérants, quelle que soit leur nationalité, partent la fleur au fusil – sans image de rhétorique ; ils rentreront à la maison dès l'automne !
Très vite les hommes sont projetés dans un monde d'horreur ; tranchées, gueules cassées, maladies...
Gaz mortels, machines de guerre puissantes, modernes et inconnues ...
Le quotidien du soldat.
Sur le champ, le combat mais aussi la vie naturelle : il faut manger, dormir, se laver... vivre avec soi, avec ses voisins de tranchées.
Travailler pour aller au combat mais aussi pour «tuer» le temps parfois.
On se rattache à une religion ou une foi pour tenir, pour revenir sain et sauf à la maison.
On se sert de sa tête, de ses mains selon son talent.
Et à l'arrière?
Là également la vie continue ; il faut semer, travailler en usine, s'occuper des enfants ; les femmes, les enfants et les vieux remplacent les hommes partis à la guerre.
Dans la salle, en face de l'or : l'art.
C'est à dire l'antithèse, le dépassement de la mort, la victoire du sensible sur son contraire.
Influence de la guerre sur l'art.
Dans la vitrine près des peintures ou dessins : c'est la célébration de la paix à Douaumont, contrepoint des premières exhortations.
Et puis, il y a les animaux dont on s'est servi sans vergogne.
En face l'entrée à contre jour, nous avons placé le facteur Adrien, le vieux resté à la maison, qui apporte les nouvelles censurées du front.
Les affiches des 2 & 3èmes emprunts, celles du «bon français» appuient le caractère patriotique, nationaliste.
Des récits de combat témoignent de la violence de la guerre, de l'engagement ou du courage.
En correspondance avec les images d'un jeune soldat, la mort puis la vie sont évoquées.
Un coq d'airain d'un monument aux morts, la tête levée vers le coq d'or de combat termine le voyage.
Le monument aux morts -éclaté- témoigne de la beauté, de la jeunesse, de l'offrande.
Ainsi ne devrions nous pas parler plutôt de monument au vivant exaltant la vie?
Le prix de la vie, la vie à tout prix... Marie-Josèphe Boyé