Au départ, Pascale Drivière amasse, ramasse, entasse, emmagasine des dentelles oubliées, des chemises de femmes reprisées, des mouchoirs perdus et autres tissages menacés de finir chiffons.
Mais elle ne réunit pas dans son atelier-mercerie n'importe quels vieux tissus, elle leur demande de témoigner d'un passé laborieux ou de laisser deviner une histoire d'amour simple, elle cherche du linge "marqué" par les doigts d'une jeune couturière, par les traces d'usure de toute une vie. Elle collectionne les marques du temps sur la "peau" de lin ou de coton.
Une collection c'est déjà un sauvetage. Par cette accumulation, Pascale Drivière protège affectueusement ces vêtements et les chefs d’œuvre de coutures et de broderies qu'ils cachent dans leurs plis.
Mais elle n'est pas la simple conservatrice d'un musée de la mode, elle ne se contente pas d'abriter ces oripeaux, elle les soigne, elle intervient sur ces reliques et leur refait une beauté, elle recoiffe leur passé, les remet en scène, sous la lumière : des correspondances s'installent sur ses chemises, des mots d'amour reprisent les accrocs du temps et réparent les déchirures, des femmes-branches, veilleuses endormies, se dressent en silence, des visages mélancoliques tournent lentement au moindre souffle encadrés dans leurs cercles à broder ...
Ce n'est pas un détournement, au contraire : c'est un accompagnement, un hommage respectueux qui réchauffe, réveille un passé et ranime des émotions qu'on pouvait croire disparues.
Argile Lumier
Exposition du 8 octobre au 13 novembre 2016 - MAMC - Maison du Grand Fauconnier
Tous les jours sauf le mardi 10h30 - 12h30 et 14h - 18h
Entrée libre